Acceptez-vous normal.e !
Premier article d’une série-résumé de la psychologie d’Alfred Adler. Il traite principalement du complexe d’infériorité et de la nécessité de ne pas se comparer et de s’accepter comme normal.e. Cette série est tirée d’un livre qui a connu un grand succès : « Avoir le courage de ne pas être aimé ». Les auteurs(1) s’attachent à expliquer certains principes de la philosophie adlérienne. Un sage explique, sous forme de dialogue, à un jeune homme, une manière différente de voir la vie. Au risque de le choquer… A commencer par le principe que nul n’est déterminé par son passé, y compris traumatique. Si ce postulat interpelle, chacun peut en tirer des enseignements utiles. Et le rêve éveillé libre permettra de les atteindre plus aisément.
Non au déterminisme
L’étiologie de Freud explique que vos blessures et traumatismes d’enfance sont la cause de vos modes de fonctionnement et de vos tourments. Adler n’en nie pas l’influence, mais conteste le déterminisme selon lequel vous n’y pouvez rien ! Il juge que ce sont des excuses pour expliquer nos difficultés. Et que nous devons questionner le sens que nous donnons à nos expériences passées. C’est ce que l’on nomme téléologie : « aucune expérience n’est en soi la cause d’un succès ou d’un échec ».
Aller mal pour attirer l’attention
Il estime, qui plus est, que nous faisons de ces expériences passées ce qui sert notre but. C’est-à-dire que le sens que nous leur donnons détermine nos modes de fonctionnement. Autrement dit, vous construisez tel ou tel symptôme qui valide votre objectif d’aller mal. Et ce, au risque de vous comporter comme un être spécial qui choisit de vivre dans cette douleur… Dans le but d’attirer l’attention. Si vous allez mieux, risquez-vous de la perdre ? C’est ce que l’on qualifie de « bénéfice secondaire », d’où certaines résistances inconscientes que toute thérapie peut rencontrer à un moment ou à un autre.
Sentiment d’infériorité et complexe
Le sentiment d’infériorité, expression employée pour la première fois, par Adler, est une illustration de son raisonnement. Quand ce sentiment vous pousse à vous améliorer, il est un stimulant pour vous former, vous entraîner… Vous cherchez à atteindre votre idéal, en étant en compétition avec vous-même.

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En revanche, si vous considérez que vous êtes incapable de l’atteindre et que ça devient une excuse pour ne pas chercher à faire mieux, le sentiment d’infériorité se transforme en complexe. Vous pourrez alors vous considérer comme spécial.e à cause de votre éducation, de votre enfance malheureuse, etc. Et ainsi compenser votre sentiment d’infériorité par un complexe de supériorité. Les complexes d’infériorité et de supériorité forment un seul et même complexe.
Se comparer empêche de vivre sa propre vie
De surcroît, si vous enviez la situation de quelqu’un, sans agir pour y accéder et que vous vous trouvez des excuses de ne pas y arriver, vous choisissez de ne pas être heureux. Il est vrai que ne rien changer est plus facile : ce qui est insatisfaisant mais connu reste plus rassurant que l’inconnu. Nous pouvons modifier ce sentiment en regardant d’une autre manière, tout aussi subjective les éléments. Pour changer de style de vie, on doit changer notre façon d’interagir avec le monde et notre comportement.
S’accepter comme normal.e
Le sentiment d’infériorité est un jugement de valeur que vous portez sur vous-même en vous comparant aux autres. Or des aspects que vous jugez négatifs peuvent être des atouts pour vous-mêmes et vis à vis d’autres personnes. Mêmes différents, nous sommes égaux. Le besoin d’être particulier répond au fait que nous n’acceptons pas notre moi normal. Nous devons nous accepter comme normal.e !
Rôle du rêve éveillé libre
On peut être choqué.e par la vision qu’a Adler de notre responsabilité face aux expériences passées. Mais elle a le mérite d’affirmer qu’on peut agir pour chercher le mieux-être ! Le rêve éveillé libre est un moyen efficace d’y accéder. Se « remémorer » même de manière très symbolique, ce qui nous a fait du mal, être entendu.e, revisiter le passé, pour décristalliser les émotions… En soignant vos traumatismes, vous les appréhenderez avec moins de douleur ! Et si vos blessures sont trop lourdes, vous vous en allégerez a minima et pourrez prendre du recul. Votre inconscient va agir sur vos fonctionnements, vos ressentis, vos émotions, et vous accompagnera pour évoluer sans peur de l’avenir imprévisible.
(1) Ichiro Kishimi et Fumitake Koga
Série d’articles en hommage à Françoise David, formatrice à l’école du rêve éveillé libre, dont elle fut Présidente, psycho-analyste en rêve éveillé libre, et superviseuse. Ce fut son dernier conseil lecture.
